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LES  OEUVRES:

La musique instrumentale française est d’une grande richesse, bien qu’elle soit parfois méconnue.

La France a pourtant eu de très grands compositeurs, tels que Rameau, Berlioz ou Ravel. Elle a aussi connu plusieurs écoles spécifiques, donnant à leurs œuvres des coloris particuliers.

Le programme que nous proposons présente ainsi des "joyaux", célèbres ou à découvrir, écrits par des auteurs français depuis le siècle de Louis XIV jusqu’au début du XXème siècle.

 

Marc-Antoine CHARPENTIER (1643 – 1704) : Prélude du Te Deum

Bien qu’il ait sombré dans l’oubli pendant plus de deux siècles, Charpentier est l’un des plus importants compositeurs de la période baroque en France. S’il a essentiellement écrit de la musique religieuse (messes, motets, "leçons des ténèbres"…) il a également laissé plusieurs opéras, des chants profanes, des œuvres instrumentales etc.

Le prélude de son Te Deum, redécouvert au milieu du XXème siècle, est devenu un très grand succès. L’éclat de ses trompettes et timbales, ainsi que sa forme de rondeau, sont emblématiques du style qui s’est développé autour de Louis XIV à Versailles, et dont l’influence s’étendra jusqu’à Bach (2ème "Suite française"), Haendel (Water music) voire Mozart (39ème Symphonie).

 

Jean-Baptiste LULLY (1632 – 1687) : Prélude du sommeil de Atys

Lully, né en Italie, a dominé impérieusement la vie musicale à la Cour de Louis XIV, et a joué un rôle décisif dans le développement en France de l’opéra avec la création d’un style national : la tragédie lyrique, qui marquera Gluck et persistera jusqu’au début du XIXème siècle.

Atys est l’un de ses opéras les plus accomplis. On y trouve notamment une scène superbe où les protagonistes chantent la douceur du sommeil. Son prélude est une remarquable réussite, combinant les courbes enveloppantes des cordes et la grâce des deux flûtes.

 

Michel-Richard DELALANDE (1657 – 1726) : 4ème Suite des Symphonies pour les soupers du Roi
Les "Symphonies pour les soupers du Roi" constituent l’élément le plus notable de l’œuvre de Delalande.

Elles possèdent des caractéristiques très variées. Les deux pièces de la 4ème Suite que nous présentons ("Symphonie du Te Deum" et "Concert pour les festes sur le canal de Versailles") illustrent – comme le Te Deum de M-A Charpentier - le style brillant et glorieux propre à la cour de Louis XIV.

 

Jean-Philippe RAMEAU (1683 – 1764) : Deux danses des Fêtes d’Hébé :

Grand théoricien de la musique, Rameau fut aussi un créateur de génie. Un siècle et demi après sa mort, Debussy invoquait encore son patronage.

Ses succès les plus notables ont été des œuvres destinées à la scène : Hippolyte et Aricie, Les Indes galantes, Castor et Pollux etc. Les Fêtes d’Hébé est un opéra-ballet créé en 1739. Nous en présentons deux pièces contrastées :

* La "Musette en rondeau", empreinte de candeur rustique, est d’une ingénuité digne de Schubert ;

* Le "Tambourin" est une danse d’origine provençale, fortement scandée. A noter que – si la forme demeure celle d’un rondeau – Rameau sait en dépasser les contraintes, en faisant déboucher le dernier refrain sur une conclusion virevoltante.

 

François-Joseph GOSSEC (1734 - 1829) : Menuet de la Symphonie à 17 parties :

Bien que né dans le Hainaut (dans une zone aujourd’hui belge), Gossec a fait l’essentiel de sa carrière musicale à Paris. Après avoir joué un rôle important dans les principaux orchestres parisiens du temps de Louis XV et Louis XVI, il fut nommé à la tête de l’Ecole royale de chant, ancêtre du Conservatoire. Sous la Révolution, il eut une importante production d’œuvres patriotiques, notamment une stupéfiante Marche lugubre, jouée notamment pour les obsèques de Mirabeau et pour le transfert des cendres de Voltaire au Panthéon. Il a contribué au développement de la musique symphonique en France, en y faisant connaitre les œuvres de Stamitz et Haydn, et en écrivant une cinquantaine de symphonies.

La Symphonie à 17 parties (1809) est la plus tardive. Elle doit son titre à une instrumentation assez élaborée pour l’époque. Son Menuet est tout à fait remarquable : si sa mesure à ¾ et sa structure sont celles d’en menuet traditionnel, l’esprit en est très différent : rien de dansant ici, mais une superbe démonstration de contrepoint dans une tonalité mineure, austère et magistrale à la façon des maîtres germaniques. Les passages fugués s’y succèdent dans des configurations variées (telles que canon ou thème inversé). La partie centrale, en majeur, apporte une éclaircie temporaire.

 

Hector BERLIOZ (1803 – 1869) : Scène d’amour de Roméo et Juliette :

Grand admirateur de Shakespeare, Berlioz tenait à traiter le sujet de Roméo et Juliette, mais il se refusa à en faire un opéra, craignant une interprétation imparfaite. Il adopta donc une forme inédite : une symphonie de structure libre, avec adjonction de rares parties vocales. Ce choix l’amena à souvent confier à l’orchestre seul l’expression des sentiments ou la caractérisation des situations, ce qui lui réussit admirablement.

Wagner, qui assista à la création de l’œuvre (1839) en fut enthousiasmé, et dédicaça à Berlioz, vingt ans après, un exemplaire de la partition de Tristan et Isolde en ces termes : « Au cher et grand auteur de Roméo et Juliette l’auteur reconnaissant de Tristan et Yseult ».

La "scène d’amour" correspond à la "scène du balcon", où les jeunes amoureux donnent libre cours à leur passion. C’est un sublime adagio, qui commence par camper le décor de la nuit, parcourue de petites rumeurs bienveillantes, avant de développer un grand thème lyrique, alternant avec les jeux des deux amants. La liberté du propos musical se marie magistralement avec les retours aux thèmes, et l’ensemble constitue une réussite exceptionnelle. A la fin de ses mémoires, Berlioz écrivit : «Si vous me demandez maintenant quel est celui de mes morceaux que je préfère, je vous répondrai : mon avis est celui de la plupart des artistes, je préfère l’adagio (la scène d’amour) de Roméo et Juliette ».   

 

Camille SAINT-SAËNS (1835 – 1921) :

* Havanaise

La "Habanera" est une danse, apparue vers 1830 à Cuba. Elle s’est rapidement propagée dans le monde, particulièrement en France, où elle a inspiré de nombreux compositeurs : Bizet, Massenet, Ravel, Debussy etc. Saint-Saëns était particulièrement intéressé par les musiques exotiques ; il ne pouvait donc qu’être sensible au rythme enjôleur de cette danse, que sa Havanaise (1887) illustre bien.

* Introduction et Rondo capriccioso :

Ecrite en 1863, cette pièce de concert commence par une belle introduction lente, de caractère mélancolique, où le violon solo plane librement sur un accompagnement discret, et qui débouche sur le rondo, joyeux et tonique, au refrain scandé par un rythme insistant. Les différents couplets du rondo se déroulent avec un brio qui ne se dément pas jusqu’à la conclusion.

 

Gabriel FAURÉ (1848 – 1924) : Pavane :

Fauré est au cœur de la musique française de son époque. D’abord élève de Saint-Saëns, il fut ensuite longuement un pédagogue réputé au Conservatoire national ; il y enseigna la composition à Ravel, Enesco, Kœchlin, Florent Schmitt, Nadia Boulanger etc. Ses œuvres sont empreintes de qualités caractérisant souvent la musique française : dissonances douces de l’harmonie, limpidité de la mélodie, couleurs instrumentales anticipant l’"impressionnisme".

Sa Pavane (1887) en est une illustration, avec le charme discret mais marquant de son thème principal. L’œuvre est dédiée à la comtesse Greffulhe, célèbre pour sa beauté et son élégance. La pavane était une ancienne danse de cour du XVIème siècle, où les seigneurs se "pavanaient" lentement en habits de parade. Outre Fauré, plusieurs auteurs français du XIXème siècle en ont composé : Saint Saëns, Ravel, Léo Delibes.

 

Jules MASSENET (1842 – 1912) : Méditation de Thaïs :

Massenet a principalement été un compositeur lyrique, auteur de 25 opéras qui ont souvent connu le succès. Il a également joué un rôle important comme professeur, avec des élèves tels que Chausson, Gabriel Pierné, Reynaldo Hahn etc. Sa musique se caractérise notamment par la qualité mélodique et l’aptitude à émouvoir les "belles écouteuses".

L’opéra Thaïs (1894) met en scène, dans les premiers temps du christianisme, une courtisane qui – sous l’influence d’un moine -  décide de quitter sa vie de luxe et de plaisir pour trouver le salut à travers Dieu. La "méditation" est un interlude qui se situe au moment du basculement psychologique de l’héroïne. Cette page célèbre est notée "Andante religioso", et Massenet a su y déployer toute sa capacité de séduction, tout en conservant une retenue adaptée au sujet.

Saint-Saëns appréciait Thaïs, au point d’en avoir écrit – moins d’un an après sa création – une paraphrase pour piano intitulée "La mort de Thaïs" et dédiée à Mme Jules Massenet.

 

 

Erik SATIE (1866 – 1925) :

Personnalité excentrique, Satie fut un musicien controversé. Sa relative indifférence à l’égard des savoirs musicaux classiques s’accompagnait d’une grande capacité à innover. Il a ainsi défriché des voies importantes pour la musique française, notamment sur le plan harmonique. Il fut lié à Debussy et à Ravel (qui lui dédicaça un exemplaire de Ma mère l’Oye : « Hommage affectueux rendu par un disciple »), ainsi qu’à nombre d’artistes novateurs : Cocteau, Picasso, Picabia, Suzanne Valadon, Poulenc, Darius Milhaud…

* Deux Gymnopédies :

Les titres des œuvres de Satie sont souvent originaux. Les Gymnopédies étaient, dans la Sparte antique, des fêtes annuelles en l’honneur d’Apollon, qui comportaient des danses de jeunes gens nus. Satie a composé pour le piano des valses lentes où le rythme inflexible s’accompagne de lignes mélodiques souples et nostalgiques. Debussy a orchestré deux de ces pièces, et nous les interprétons dans une version voisine.

* 1ère Gnossienne :

Le titre se réfère peut-être à la ville antique de Cnossos (Crète). Cette pièce possède certaines caractéristiques voisines des Gymnopédies : balancement de l’accompagnement, souplesse de la mélodie, lancinante et ponctuée d’appogiatures. Dépouillée et transparente, cette musique a une dimension obsessionnelle. Nous en donnons une version orchestrée.

 

Maurice RAVEL (1875 – 1937) : Deux contes de Ma Mère l’Oye :

Ravel est, avec Debussy, le compositeur le plus représentatif de la musique française au tournant des XIXème et XXème siècles. Il eut notamment un talent particulier pour évoquer l’enfance (comme en témoigne son opéra L’enfant et les sortilèges). C’est ainsi qu’il composa, en 1908, Ma Mère l’Oye, pièces fondées sur des contes enfantins, écrites primitivement pour piano en pensant aux enfants d’un couple d’amis. Il en disait : « Le dessein d’évoquer dans ces pièces la poésie de l’enfance m’a naturellement conduit à simplifier ma manière et à dépouiller mon écriture ».

En 1911, il réalisa une version pour orchestre qui conserve ces caractéristiques tout en déployant toute la science d’orchestrateur de Ravel, dans la lignée de Rimski-Korsakov. Nous en présentons deux pièces.

* Pavane de la Belle au bois dormant :

C’est la deuxième pavane de l’auteur, après la célèbre Pavane pour une infante défunte. La pièce est toute en délicatesse et en transparence, dans un climat nostalgique et mystérieux créé par l’emploi du mode de La (mode éolien).

* Le jardin féerique :

Cette lumineuse conclusion commence, dans un mouvement lent et grave, par une entrée en matière confidentielle des cordes, avant de s’étendre progressivement à tout l’orchestre pour arriver à une apothéose éblouissante dans la claire tonalité d’Ut majeur.

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